La coronaropathie est une maladie cardiovasculaire qui atteint les artères coronaires, sièges de lésions athéromateuses. La maladie peut être stable mais parfois les coronaires peuvent s'obstruer, c'est l'infarctus.
Le point sur la coronaropathie dans notre article.
Coronaropathie : définition
La coronaropathie ou maladie coronaire, est une maladie cardiovasculaire qui atteint les artères coronaires, dont le calibre est rétréci par la présence de plaques athéromateuses dans leurs parois :
- les artères coronaires sont des vaisseaux qui irriguent le cœur (notamment le myocarde, muscle cardiaque), et permettent ainsi son oxygénation ;
- l'athérome est constitué de lipides et de cellules inflammatoires. Les plaques d'athérome peuvent se rompre.
Les plaques d'athérome constituent en général des lésions stables qui peuvent rétrécir le calibre de l'artère coronaire. Lorsque les besoins cardiaques en oxygène sont augmentés (lors d'un effort par exemple) et que le myocarde, insuffisamment irrigué, ne peut compenser les besoins du fait d'un débit coronaire trop bas, le myocarde souffre transitoirement, on parle d'ischémie myocardique. Cette ischémie se traduit par une douleur appelée angor d'effort (ou angine d'effort).
Parfois, les plaques d'athérome rompues peuvent conduire à la formation d'un thrombus. Ce thrombus peut soit se fragmenter, soit rester en place et boucher plus ou moins complètement l'artère coronaire :
- en cas d'obstruction partielle on parle d'angor instable ;
- en cas d'obstruction complète et prolongée, cela se traduit par une absence d'oxygénation du muscle cardiaque et donc une nécrose, on parle d'infarctus du myocarde.
Facteurs de risque de la coronaropathie
La formation de plaques d'athérome est favorisée par les facteurs de risque cardiovasculaires, qui comportent :
- l'âge ;
- le sexe masculin ;
- d'autres facteurs qui sont souvent la conséquence d'une mauvaise hygiène de vie : tabagisme, diabète*, hypertension artérielle, cholestérol trop élevé, surcharge pondérale, sédentarité.
*Un prédiabète (glycémie comprise entre 1,10 et 1,25 g/l) augmente le risque de présenter une coronaropathie de 15 %.
Ainsi, quel que soit le niveau de risque génétique (un premier facteur génétique ayant été découvert dans la dissection spontanée de l'artère coronaire), l’absence de tabagisme, d’obésité, la pratique d’une activité physique régulière et une alimentation saine sont associées à une diminution globale de plus de 40 % du risque d’accident coronarien. Par ailleurs, consommer quotidiennement environ 100 g de poissons telles que les sardines (riches en oméga-3) permettrait de réduire les risques de pathologies cardiaques et d'AVC. De plus, selon une étude, une alimentation riche en vitamine C pourrait faire baisser de 70 % les risques de mourir d'une maladie cardiovasculaire (il faudrait pour cela consommer minimum 320 mg de vitamine C par jour estiment les chercheurs).
À noter : un taux de fer élevé, génétiquement déterminé, est un facteur protecteur contre les maladies coronariennes. À l'inverse, une infection au niveau de la racine d'une dent, même en l'absence de symptômes, multiplie presque par 3 les risques.
Coronaropathie : symptômes
Maladie coronaire stable
L'angor ou angine de poitrine stable survient uniquement à l'effort. Il se caractérise par une douleur typique :
- localisée au niveau de la poitrine derrière le sternum, souvent en barre ;
- irradiant dans les épaules, avant-bras, poignets et mâchoires ;
- constrictive : la poitrine est comme serrée dans un étau ;
- déclenchée par l'effort ou des équivalents comme les rapports sexuels ou la défécation. Cède à l'arrêt de l'effort.
Il peut exister des douleurs atypiques, quoi qu'il en soit le fait que des signes apparaissent à l'effort est très évocateur.
Bon à savoir : dans certains cas, il peut exister une ischémie asymptomatique dite silencieuse.
Syndrome coronarien aigu
Le syndrome coronarien aigu (SCA) est en rapport avec une lésion instable et traduit une ischémie myocardique aiguë :
- l'angor instable se manifeste par des douleurs angineuses survenant spontanément, au repos et au caractère prolongé (plus de 20 minutes) régressant spontanément ou après la prise de trinitrine ;
- l'infarctus du myocarde traduit une nécrose du myocarde. Il se manifeste par un angor persistant plus de 30 minutes, et qui résiste à la prise de trinitrine.
Les syndromes coronariens chroniques dans le cadre du coronavirus
Dans le cadre de l'épidémie de COVID-19, certaines personnes sont considérées comme à risque de développer une forme grave de la maladie en cas d’infection à SARS-CoV-2. Les patients qui présentent une coronaropathie font partie de ces personnes risque.
Pour rappel, les syndromes coronariens chroniques (autrefois appelés maladie coronaire stable) sont la manifestation clinique au long cours d’une cardiopathie ischémique, conséquence d’une d’athérosclérose et d’altération de la fonction artérielle, susceptible d'être ponctuée d'évènements aigus. La présence de comorbidité est fréquente chez ces patients : 38 % ont une autre maladie cardioneurovasculaire, 29 % un diabète, et 23 % des patients ont un traitement psychotrope.
Ainsi :
- la survenue brutale des symptômes suivants nécessite un appel au 15 : douleurs thoraciques prolongées ou plus fréquentes, dyspnée, palpitations, sensation de malaise prolongé, qu’ils soient ou non accompagnés de fièvre ;
- toute modification modérée de la symptomatologie chez un coronarien connu nécessite dans tous les cas une consultation rapide, car l’infection à Covid-19 peut en être à l’origine ;
- le traitement médicamenteux de fond doit être maintenu (en particulier antiagrégant plaquettaire et antihypertenseur), qu’il y ait ou non un COVID-19 ;
- le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire doit être poursuivi, la HAS insistant sur ce point et sur la nécessaire adaptation du mode de vie.
Source : article de la Haute Autorité de Santé : Maladies chroniques dans le cadre du COVID-19, mis en ligne le 17 avril 2020.
À noter : alors même que le surpoids est un facteur de risque de coronaropathie, l'obésité constitue aussi un facteur de risque de COVID-19 sévère avec des risques augmentés d'hospitalisation, d'admission en unité de soins intensifs ou de décès à partir d’un IMC de 23 kg/m2.
Article
Diagnostic d'une coronaropathie
Le diagnostic est évoqué sur la symptomatologie clinique. Le choix des examens complémentaires dépend du caractère d'urgence :
- électrocardiogramme, qui est normal en cas d'angor stable : en cas de syndrome coronarien aigu, il est souvent modifié (on parle de sus-décalage ou de sous-décalage du segment ST) ;
- bilan biologique : en contexte d'urgence, recherche de marqueurs de nécrose du myocarde (troponines) si l'on suspecte un syndrome coronarien aigu ;
- épreuve d'effort pour rechercher un angor d'effort : elle permet de poser le diagnostic si elle est positive ;
- coronarographie : en cas d'angor stable, son indication est limitée ; la coronarographie consiste à introduire une sonde (souvent, au niveau de l'artère fémorale), et à explorer le réseau coronaire afin d'identifier les lésions.
D'autres examens peuvent être réalisés dans le cadre du bilan cardiaque : un bilan biologique des facteurs de risque (recherche d'un diabète, d'un excès de cholestérol) et de facteurs aggravants (anémie, hyperthyroïdie), une échographie cardiaque, échographie doppler des artères carotides.
Coronaropathie : traitements
En cas de maladie coronarienne stable
Le traitement vise à :
- traiter la crise : arrêt de l'effort et prise de trinitrine par voie sublinguale ;
- corriger les facteurs de risque : arrêt du tabac, régime pauvre en graisses, pratique d'un exercice physique adapté, traitement d'une hypertension artérielle, équilibrage d'un diabète ;
- diminuer le risque cardiovasculaire : médicaments protecteurs cardiovasculaires ;
- diminuer les besoins du cœur en oxygène : médicaments anti-angineux ;
- éviter la formation d'un nouveau thrombus : médicaments anti-agrégants plaquettaires.
La revascularisation du myocarde est indiquée en cas de persistance des symptômes malgré le traitement, ou lorsque les lésions sont sévères. Il existe deux techniques :
- angioplastie coronaire : introduction dans la coronaire, d'un cathéter comportant un ballonnet qui permet de dilater l'artère, et mise en place d'une prothèse (stent) ;
- technique chirurgicale : pontage coronaire, consiste à contourner la portion de coronaire obstruée par la mise en place d'un segment de vaisseau prélevé sur une autre partie du corps.
Les stents ne sont toutefois utiles qu'en cas d'urgence (crise cardiaque) et ils ne permettent pas de vivre plus longtemps (d'autant que l'intervention n'est pas dénuée de risques).
Sources : étude de novembre 2017 publiée dans The Lancet.
En cas de syndrome coronarien aigu
La prise en charge est urgente, elle nécessite un transfert dans une unité de soins intensifs cardiologiques avec coronarographie et revascularisation coronaire en urgence. Une fois passée la situation aiguë, le traitement médical est comparable à celui de l'angor stable.
À noter : en cas de SCA, la mortalité à un an peut être jusqu'à doublée chez les personnes souffrant d'anémie. Plus les taux d’hémoglobine sont bas, plus le risque est élevé.
Réadaptation cardiovasculaire
Elle peut être discutée chez tous les patients atteints de maladie coronaire, aussi bien dans les suites d'un pontage coronarien ou d'une angioplastie coronaire que dans les suites d'un infarctus du myocarde, d'un angor stabilisé (notamment en cas de facteurs de risques associés tels qu'une hypertension artérielle ou un diabète), d'une insuffisance cardiaque chronique ou encore d'une artériopathie des membres inférieurs.
Cette réadaptation cardiovasculaire comporte un reconditionnement à l'effort et une éducation thérapeutique (modification des comportements vis-à-vis du tabac, de l'alimentation et de la sédentarité notamment).
Bon à savoir : selon une étude, chez les patients ayant eu un infarctus du myocarde aigu, le yoga permettrait une reprise plus rapide des activités, un meilleur état de santé et il s'accompagnerait de moins de réhospitalisations pour cause cardiovasculaire qu'une réadaptation cardiaque classique.
Phase 1 de la réadaptation cardiovasculaire
Le kinésithérapeute propose des exercices de gymnastique et des exercices respiratoires destinés à permettre au patient de s'asseoir et de quitter son lit (cela permet entre autres d'éviter les complications liées à l'alitement tels qu'un encombrement des bronches, une phlébite, etc.).
Cette phase est à adapter en fonction des patients sachant que les personnes ayant eu un pontage coronarien peuvent se lever 24 h après l'intervention tandis qu'il faudra plus de temps suite à un infarctus très étendu par exemple.
Toutefois, les patients étant de nos jours hospitalisés de moins en moins longtemps (moins d'une semaine), cette phase n'est pas toujours observée.
Phase 2 de la réadaptation cardiovasculaire
La phase 2, en revanche, est indispensable et elle est réalisée avec des professionnels.
En pratique, elle peut s'effectue :
- en centre de réadaptation cardio-vasculaire ;
- en hospitalisation complète ;
- en hospitalisation de jour.
L'objectif est de permettre au patient de réaliser la plupart des efforts de la vie courante sans gêne.
La période de réadaptation doit aussi comporter une prise en charge psychologique pour que le patient reprenne confiance en lui.
Suivi à long terme
Dans les suites à long terme d’une maladie coronaire, une détérioration de la fonction cognitive est possible. Les hypothèses susceptibles d'expliquer cette relation sont :
- une hypoxie cérébrale qui entraînerait des altérations cérébrales silencieuses ;
- la présence de facteurs de risque cardiovasculaires (qui sont communs à la maladie coronaire et aux troubles cognitifs) qui pourraient jouer un rôle par plusieurs voies biologiques dont celles du stress oxydatif, des réponses immunologiques et de la dysfonction endothéliale.
Ainsi, il peut être intéressant de suivre les patients ayant présenté une coronaropathie, afin d'évaluer régulièrement leur fonction cognitive.